Le marketing de la peur (1/2)

Images Si l’on me demandait ce qui a changé, radicalement, dans ma façon de vivre et de penser depuis que je suis maman je dirais l’apparition de la peur. La peur que Bébé attrape une maladie grave ou qu’il y ait des conséquences d’une maladie bénigne (surdité suite à une otite), de la mort subite du nourrisson, et, puis, quand Bébé marche : peur qu’il ne se tue pas en tombant, peur qu’il ne dévale pas dans la rue ou dans l’escalier… A cela s’ajoute les peurs diverses et variées entretenues par les médias et les fabricants de produits censés calmer nos peurs (et sécuriser Bébé !) : peur des maladies obscures attrapées suite à la pollution intérieure/ extérieure, à l’alimentation, à l’utilisation de certains produits de soin etc.

Et ces peurs créent un marché pour des produits censés calmes nos peurs (allant de la sécurité domestique aux vêtements bio), comme d’ailleurs le pointe un article récent de Cyberpresse.

Bref, on a de quoi être flippés en permanence !  Un économiste prenait l’exemple des jeunes parents pour parler du marketing de la peur – un marketing qui se développe sur le terreau de nos craintes.

En voici une citation : « Nul n’est plus sensible aux imprécations catastrophistes des experts que les parents. La peur est d’ailleurs un élément majeur de la fonction parentale. Après tout, le parent est l’intendant de la vie d’une autre créature qui, au début, est plus vulnérable que le nouveau-né de presque toutes les espèces. Ce qui conduit de nouveaux parents à consacrer une bonne part de leur énergie au simple fait d’avoir peur. Or, le problème est qu’ils redoutent souvent des choses qui ne le méritent pas. »

La question principale est comment faire la part des choses avec tant de rumeurs, de pubs et de discours alarmistes ?

(7 commentaires)

  1. Oui la peur est effectivement plus présente avec la venue du premier enfant. Il est la prunelle de nos yeux! Je crois en revanche qu’il faut faire la différence entre peur et sensibilisation. La naissance d’un enfant engendre chez beaucoup de gens une prise de conscience sur la nocivité de l’environnement qui nous entours. Et c’est tant mieux! Il faut juste que cette peur doit passagère, quelle ne devienne pas une obsession. OUI il faut donner du bio à nos enfants, parce que OUI les pesticides sont dangereux pour leur santé. Mais une fois qu’on le sait, rien ne sert de continuer d’avoir peur. Mieux vaut agir!

  2. Artcile très interessant. Mais je pense qu’il faut distinguer deux choses très différentes:
    1) La peur, presque paranoiaque, qui conduit à des comportements pas toujours très cohérents des parents.
    2) Le niveau d’information des parents d’aujourd’hui, sur la sécurité et la santé de leurs enfants. Si vous demandez aujourd’hui à une jeune maman ce qu’est la mort subite du nourrisson, il est probable qu’elle aura déjà lu des articles sur le sujet, qu’elle connait les facteurs de risque, les précautions à prendre pour coucher son enfant, etc… Si on avait posé la question à une maman, il y a 20 ans, je pense qu’elle ne savait absolument rien de ce risque. C’est la même chose en ce qui concerne la sécurité domestique, le port du casque à vélo ou à ski, les sièges-auto, la protection contre le soleil, etc… c’est le niveau d’information qui a modifié les comportements.
    On ne peut pas regretter que sur ces point essentiels , les parents aient ENFIN modifié leurs comportements.
    On peut toujours dire « de mon temps, on n’avait même pas de siège auto et ça nous empechait pas de voyager ».
    C’est vrai, quand j’avais 3 ans, en 76, je partais en vacances sans sièges auto et sans ceintures. Mais cette année là, il y a eu 16000 morts sur la route, dont des centaines de bébés et d’enfants ejectés de la voiture de papa et maman.
    il est donc important de faire la part des choses entre le Marketing de la peur, et la nécessaire prise de conscience des parents sur ces problèmes de sécurité essentiels.

  3. Je partage tout à fait l’analyse de Anne.
    Je ne suis pas d’un naturel angoissée, je laisse mes enfants vivre leur vie, avec les chutes et les écorchures qui vont avec.
    Cependant, on ne peut pas ignorer les VRAIS risques.
    J’ai vécu en Norvège et je suis frappée par le comportement des français:
    ils ont peur des ogm ou des pesticides mais ils laissent leurs enfants faire du vélo sans casque. C’est totalement irrationnel.
    J’ai acheté des trucs sur http://www.veillesurmoi.com . Cette boutique en ligne ne surfe pas dutout sur la peur mais propose des produits plutôt utiles.
    Mais soyons zen, élever des enfants c’est avant tout du bonheur.
    Nelly

  4. Merci pour ces commentaires. Anne, vous avez raison, j’aurais dû faire cette distinction. De toute façon la baisse de la mortalité infantile est liée aux vaccins et aux conditions actuelle de sécurité, comme les sièges auto, les casques etc.
    La question qu’on se pose est donc: où poser la barrière entre ce qui est légitime et utile et ce qui utilise nos peurs sans efficacité prouvée ? Par exemple, le siège auto a une efficacié prouvée ; les statistiques sont claires. Ce n’est pas du tout pareil pour d’autres produits censés améliorer la santé de nos enfants…
    Il y a aussi l’interprétation des statistiques : un risque de 1/1000 peut paraître réduit à un parent, et grand pour un autre parent (c’est tout le problème des politiques publiques et c’est aussi une des raisons pour laquelle les biberons sans BPA sont interdits dans certains pays et pas dans d’autres : le « management du risque » est forcément subjectif du moment où l’on prend des décisions à partir de probablité et des statistiques qui ne sont jamais de 100%).

  5. Et la peur de l’extérieur, des « méchants zautres » ? Celle qui fait que seuls les « gosses de pauvres » jouent dehors et qu’une grosse majorité de parents (dont je fais partie parfois) regrette que leur enfant passe tant de temps devant la télé ou devant la console mais qui sont intérieurement bien rassurés de les avoir en permanance sous les yeux.
    Mais là on attaque encore une fois le « journalisme » qui fait choux gras des peurs et des informations « faciles ». (Vous croyez vraiment qu’il y a plus de rapt et de viol d’enfants en 2009 qu’en 1999 ? Et pourtant pas un mois sans que ça passe à la télé. Comme chaque année au début de l’été, les journeaux ne parlent que d’accidents de voiture à cause des camions… Et hop, c’est le sujet que tout le monde reprend, soudain il n’y a que des accidents impliquants des camions, ces méchants-vilains-pas-beaux ! Et pis passe l’été et plus rien ?!?)
    Aller trève de disgression.

  6. Bonjour Nelly,
    nos commentaires se sont croisés.
    Bon exemple, le port du vélo sans casque ! J’en vois souvent à l’école de ma fille… Comme quoi on a plus peur de ce qui nous paraît plus flou et qu’on ne maîtrise pas bien (les risques des OGM etc) alors qu’on ne fait pas gaffe à ce qui est à notre portée… alors que c’est bien plus important !

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