Une nouvelle étude américaine vient de trouver une connexion entre les femmes enceintes qui fument ou sont exposées au tabagisme passif, et la Mort Subite du Nourrisson.
« Bien que la fumée de cigarettes contiennent différents composés, nous avons observé l’impact direct d’un seul composé, la nicotine, sur la capacité de certaines cellules à détecter et à réagir au manque d’oxygène », nous explique Josef Buttigieg, docteur en médecine biologique et auteur principal de l’étude. « Quand un bébé est allongé à plat ventre sur le lit, par exemple, il devrait sentir la réduction d’oxygène et bouger la tête. Mais ce mécanisme d’éveil ne marche pas tel qu’il le devrait chez les bébés exposés à la nicotine durant la grossesse. »
Il existerait donc une corrélation directe entre la capacité du bébé à réagir au manque d’oxygène et l’exposition à la nicotine in-utéro, même à faible dose.
Lors de l’accouchement, le bébé est exposé à une basse quantité d’oxygène, ce qui déclenche les catécholamines (groupes d’hormones libérées par les surrénales). Celles-ci contiennent l’adrénaline, substance qui pourrait s’expliquer par « affronter ou fuir » toujours selon le Docteur Joseph Buttigieg.
Ces catécholamines permettent aux poumons de bébé de résorber le fluide et aide le coeur à battre de manière efficace. Ces hormones jouent donc un rôle prépondérant dans l’adaptation hors du ventre de sa mère.
« A la naissance, le contrôle nerveux de la glande surrénale n’est pas actif et le bébé dépend donc de ces mécanismes directs de détection de l’oxygène afin de libérer les catécholamines », explique Colin Nurse, Co-auteur de l’étude, professeur en biologie. « Mais la nicotine entraine une perte prématurée de ces mécanismes, ce qui devrait normalement arriver à un stade ultèrieur du développement , après que le contrôle nerveux ait été établi. Par conséquent, l’enfant devient plus vulnérable à la MSN. »
Une nouvelle raison, s’il en était encore besoin, d’écraser leur cigarette pour les femmes enceintes, mais également de fuir l’exposition au tabagisme passif.
Les conclusions apparaitront dans l’édition de FASEB de mai 2008.
Vous parlez dans cet article du lien avéré entre Mort subite du nourrisson et absortion de nicotine in utéro.
Quand est il alors des patchs ou des chewing gum ,qui diffusent de la nicotine, et préconisés par les médecins aux femmes enceintes fumeuses qui souhaitent arrêter ?
Bonjour Maxime,
Je ne suis pas chercheuse spécialiste, je relate les études, mais je vous ai trouvé ceci, qui corrobore ma pensée :
http://www.revmed.ch/article.php3?sid=31475
« Tableau 3 : Substituts nicotiniques :
L’usage de substituts nicotiniques pendant la grossesse est probablement moins dangereux pour la santé du futur bébé et de la femme enceinte que la poursuite du tabagisme compte tenu des nombreuses toxines présentes dans une cigarette en plus de la nicotine. Lors d’une utilisation de substituts nicotiniques, la dose et la durée d’exposition à la nicotine sont moins importantes (nicotinémie deux à trois fois moins élevée qu’avec des cigarettes). A ce jour, à notre connaissance, un seul essai clinique randomisé contrôlé testant les patchs de nicotine chez la femme enceinte, a été publié.18 Il n’a pas montré de bénéfice statistiquement significatif de la substitution sous forme de patchs sur l’arrêt du tabac en comparaison avec un patch de placebo. Cela est peut-être dû au métabolisme accéléré de la nicotine chez la femme enceinte. Par contre on a objectivé un poids moyen plus élevé chez les nouveau-nés des femmes dans le bras «actif» de cet essai clinique (186 g).
Pour de nombreuses autorités médicales et d’enregistrement des médicaments (FDA américaine et conférence de consensus française, notamment), la grossesse et l’allaitement ne sont donc plus considérés comme des contre-indications à une substitution nicotinique. Le consensus international estime que les substituts nicotiniques peuvent être médicalement prescrits mais doivent être réservés aux patientes qui n’arrivent pas à arrêter avec des moyens non pharmacologiques (techniques cognitivo-comportementales) et lorsque les bénéfices d’un arrêt de la cigarette surpassent les risques d’une substitution nicotinique. Il faut alors préférer les substituts de courte durée action (gommes, inhalateur, comprimés) aux patchs, la dose totale de nicotine reçue étant moindre et l’évolution obstétricale doit faire l’objet d’un suivi régulier.
L’absorption de nicotine par le biais de patch ou de chawing gum est moindre que celui inhalé en fumant. Ce serait donc un moindre mal, mais il est recommandé de ne les prescrire qu’aux femmes enceintes qui ont quand même essayé avant sans les substituts, et sans succès.
Vous savez, il y a encore beaucoup de gynécologues qui disent aux femmes enceintes qu’il vaut mieux continuer à fumer un peu (en général le nombre annoncé est 5 cigarettes par jour) plutôt qu’être trop stréssée par l’arrêt de la cigarette.
Chacune fait comme elle peut, et comme elle veut, l’important étant de le faire en connaissance de cause.
Bonne journée