L’instinct maternel n’existe pas

519ac1zdw8l_aa240_ Ceci est la thèse que la philosophe Elisabeth Badinter argumente brillamment dans un livre, devenu déjà un grand classique, au titre évocateur : L’amour en plus.

L’auteur réussit un exploit époustouflant : retracer l’histoire de l’éducation et du rapport entre les parents et les enfants, depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours. Elle montre ainsi que, à toutes les époques, lorsque les femmes ont eu le choix, elles ont préféré s’intéresser à autres choses qu’aus langes et à l’allaitement.

La mise en nourrice est restée une pratique courante pendant des siècles, même si elle a eu souvent des conséquences désastreuses, allant jusqu’au décès de l’enfant.

Mais, à partir du XVIIIe siècle, la conception de l’enfant a changé. La survie des enfants apparaissant comme un objectif d’Etat, moralistes et médecins n’ont eu de cesse de promouvoir l’allaitement maternel et les soins prodigués par la mère, comme moyens d’assurer cette survie.

Ainsi la mère est-elle appelée à son devoir sacré ou sommée à respecter son instinct prétendument maternel – mais, se demande à juste titre Elisabeth Badinter, comment peut-on parler d’insinct quand force est de reconnaître qu’une partie des femmes, surtout les aristocrates, sont plus sensibles aux charmes du monde qu’aux sirènes du maternage ?

Ecrit avec érudition mais sans pédantisme, d’un style fluide et accessible, ce livre accumule toutes les preuves de l’inexistence de l’instinct maternel… mais de l’existence d’un amour maternel, plus ou moins difficile à construire et à maintenir. Mais cet amour n’est pas l’apanage des femmes. L’amour parental est aussi l’amour paternel. 

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