Christine nous a parlé ici et là du plan de naissance. Quant à moi, j’ai commencé à vous parlé de l’accouchement physiologique de jumeaux, en retranscrivant les souvenirs de mon amie Véronique : sa préparation à l’accouchement et la question du placement du second bébé. Aujourd’hui, je vous fait part des grandes lignes de son plan de naissance.
Vous avez pu lire ici que Véronique s’était procuré le plan de naissance d’une maman de jumelles. Voici ce qu’elle en a pensé. « A la première lecture, je dois dire que je le trouvai un peu hypocrite, plein de précautions oratoires à destination des professionnels de santé. Mais je compris par la suite que le ton employé revêt une grande importance : imaginez qu’on vous dise avec assurance comment vous devez faire votre métier … et l’idée au fond n’est pas d’exclure le monde médical mais de ne pas se laisser envahir par une technique froide et mécanique. Il vaut mieux rechercher le partenariat, prouver que l’on n’agit pas par lubie. (…) Il ne s’agit pas de remettre en cause le monde médical, la science et les boienfaits du progrès. Il s’agit d’avoir une vue éclairée qui permette de vivre l’un des évènements les plus importants de notre vieen tant qu’acteur et de coopérer avec des personnes compétentes dont l’expérience et les connaissances nous seront utiles. Le mot « patient » est bien mal choisi : celui qui subit, celui qui souffre … On n’a pas à subir son accouchement mais à le vivre ! »
« En vrac voici le contenu de mon projet : un monitoring limité au minimum pour ne pas m’entraver et ne pas me déconcentrer (j’avais été obsédée par son bip-bip la première fois), une aide pour exploiter ce que j’avais appris en chant prénatal, une position d’accouchement qui ne soit pas gynécologiqque, le refus du déclenchement, du décollement des membranes, de la rupture de la poche des eaux, le souhait de garderb à mes côtés le premier né pendant l’expulsion du second, une mise au sein la plus rapide possible, des osins limités au strict minimum pour mes garçons, la participation de mon mari et sa présence en cas de césarienne. Mais par dessus tout, j’insistai (lourdement ?!) sur la nécessité du dialogue et du partenariat, tous ces souhaits étant soumis à un impératif catégorique : que les bébés aillent bien »
Ce dialogue commença d’ailleurs avant l’accouchement : « Je ne voulais pas de péridurale, je ne voulais pas être déclenchée, je l’écrivis. J’expliquai que pour moi il existe des cercles vicieux (péridurale – absence de mouvement – forceps – épisiotomie … ) Mais aussi des cercles vertueux : en se plaçant dans de bonnes conditions, en se préparant au mieux, on met toutes les chances de son côté pour que cela se passe bien. Je négociais avec mon obstétricien : comme notre premier bééb se présentait tête en bas, je n’aurai pas de péridurale pour lui. Et si jamais le second restait en travers et qu’il faille une manoeuvre, dans ce cas, on me poserait une rachi-anesthésie. Ce procédé offre l’avantage d’avoir un effet immédiat, alors qu’il faut attendre au moins quinze à vingt minutes pour que la péridurale fasse effet et on n’est pas sûr de disposer de ce temps-là, si jamais par exemple le bébé ne va pas bien. Certes c’est une anesthésie donc on ne sent rien. Mais je me dis que si on en venait là, c’est que le bébé n’arriverait pas à sortir tout seul et que je ne pourrais pas l’aider ; cela aurait moins d’impirtance. Je dois dire que cette solution ne réussit pas du tout à convaincre l’anesthésiste que je rencontrai, il prétendait que ce n’était pas possible et lui proposait de poser à l’inverse de poser la péridurale longtemps avant afin de pouvoir mieux la doser. Je ne voulus évidemment pas de sa solution à lui car elle impliquait que j’arrive suffisamment à l’avance à la maternité, ce que je n’aime pas (laisser se faire le travail chez soi est netteemnt plus confortable) ou que je ne peux pas faire car mon travail est assez rapide (la première fois, je suis arrivée quatre heures avant, la sseconde deux heures avant et la troisième une heure trente !). Mon obstétricien me rassura. De toute façon c’est lui le chef d’orchestre, c’est lui qui décide. S’il est d’accord avec vous, pas de problème ! (…) Je ne risquais d’ailleurs rien car si j’avais changé d’avis à la dernière minute et l’avais demandé, on me l’aurait administrée. »
Enfin, après coup, Véronique apprécie les effets d’un plan de naissance bien rédigé : « C’est le même gynécologue qui a procédé à mes quatre accouchements. Pourtant ce n’est qu’au troisième et au quatrième que j’ai pu vraiment apprécier la qualité de son travail parce que nous avions établi une véritable relation de partenariat. Le monde médical a, lui aussi, tout à gagner à avoir en face de lui des « patients acteurs » ».
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