Le marketing de la peur (2//2)

Images  Nos réactions sont généralement disproportionnées et irrationnelles. L’économiste dont je vous ai parlé (Steven D. Levitt) illustrait cela par le fait que nous avons peur d’envoyer nos enfants chez des copains dont les parents possèdent une arme à feu (il s’agit d’un exemple américain) plutôt que chez des copains qui ont une piscine. Pourtant, le risque de mourir dans une piscine  (1 sur 11 000) est bien plus important que celui de périr par balle ( 1 sur 1 000 000). Mais il se trouve que l’image d’une mort par balle, plus violente, est plus spectaculaire et a plus d’effets sur notre raisonnement. En général, nous avons plus peur de prendre l’avion que la voiture alors que l’avion engendre moins d’accidents que la voiture. L’explication ? Les risques que nous pouvons (ou pensons pouvoir) contrôler ou qui nous parraissent plus familiers engendrent moins d’effroi que ceux qui nous échappent ou que nous connaissons mal. Un autre exemple ? Une attaque terroriste fait beaucoup plus peur que les maladies cardiovasculaires…

Si l’on discute et débat actuellement de la dangerosité de BPA dans les biberons et tant d’autres produits potentiellement dangereux, si on met en avant alimentation et vêtements bio pour bébés, il ne faut pas perdre de vue le fait que les accidents domestiques sont la première cause de mortalité des jeunes enfants ! Autrement dit, un biberon en polycarbonate est bien moins nocif que votre escalier, votre piscine, votre cuisinière et même votre fenêtre :on compte 250 morts par défenestration pour les enfants de 10 mois à 7 ans par an.

Ne parlons pas de la voiture et des accidents directs, ou des conséquences indirectes (de la pollution) : pourquoi n’applique-t-on pas ici le fameux principe de précaution ?

Mais, pour finir sur une note optimiste et relativiser nos peur, n’oublions pas que la mortalité infantile ne cesse de régresser dans nos pays développés, malgré l’usage de produits plus ou moins suspects de toxicité.

Lire aussi :Le marketing de la peur (1/2)
 

(3 commentaires)

  1. Je partage complètement votre point de vue sur certaines peurs irrationnelles que nous pouvons avoir en tant que parents, souvent largement engendrées par ce que vous appelez très justement « le marketing de la peur ».
    C’est bien aussi de recadrer les risques.
    Nous sommes aujourd’hui des centaines de milliers de parents à courir les pharmacies pour acheter des biberons sans BPA, mais il serait intéressant de faire une petite étude sur le nombre de parents réellement formés aux risques d’accidents domestiques chez l’enfant. Connaissons-nous réellement les gestes qui sauvent ? Voilà des peurs « rationnelles ».
    Petit rappel, ceux-ci représentent chaque année :
    – 1 million de petites victimes dont 300 000 enfants de moins de 5 ans.
    – La première cause de mortalité chez les enfants.
    – 100 000 enfants victimes d’une intoxication.
    – 3 000 enfants victimes de brûlures, dont 1 000 hospitalisés en raison de la gravité des atteintes.
    Une grande campagne de communication  » Enfance et premiers secours » a été lancée par la Croix Rouge et le Samu et il faut en saluer l’initiative mais je suis néanmoins très surprise que l’on ne puisse pas avoir accès à une information gratuite et plus facile (à la maternité par exemple) sur tous ces aspects liés aux risques d’accidents domestiques chez l’enfant. Or aujourd’hui, cette information qui pourrait sauver des vies est trop souvent payante donc nullement accessible à tous => formations : payantes, guide et DVD : payants ( 29,90€) ! Ce dernier (le DVD Je protège mon enfant) a d’ailleurs été consacré comme « l’un des meilleurs outils pédagogiques à destination du grand public ». Peut-on réellement utiliser le terme « grand public » quand il s’agit d’une information payante ? Je suis scandalisée que l’on ne puisse pas avoir accès à cette vidéo gratuitement sur le site protegersonenfant.com ou mieux sur tous les sites parentaux ( et même sur le blogbébé!).

  2. Je ne suis jamais rentrée dans ce marketing. Dès la naissance de mon fils, j’ai relativisé tout ce que je pouvais entendre. Je suis très présente auprès de lui, au cas où, mais je me refuse à tout controler ! D’ailleurs, qu’est ce qui nous dit que les biberons sans BPA ne seront pas déclarés toxiques dans 3 ou 4 ans ?
    Qu’est ce qui nous dit que l’air de nos maisons est meilleur que l’air de nos crèches ? J’ai personnellement un chien, qui n’est pas classé dangereux, mais costaux quand même. Qu’est ce qui me dit qu’un jour, il n’y aura pas un accident ? Rien ! on ne sait pas de quoi demain sera fait.
    Je suis juste très vigilente, je ne laisse jamais mon fils seul avec mon chien par exemple. Quand il essaie de monter sur le canapé, je l’incite à le faire devant moi pour qu’il apprenne à monter et à en descendre tout seul, comme ça le jour où il le fait et que je ne suis pas là, il sait comment faire. Comme je l’ai laissé monter les escaliers tout seul en lui suivant au cas où. Maintenant il gère très bien les monter et curieusement, il ne se lance pas pour les descendre !
    Je pense qu’effectivement, il faut relativiser et être vigilent. Comme on dit  » la peur n’évite pas le danger  » alors reston zen pour nos bébés !

  3. Angèle, bravo de garder la tête froide ! 🙂
    Anne-Laure, je suis complètement d’accord avec vous ! Pour ma part j’ai eu une vidéo gratuite de la Maif sur les accidents domestiques. Le site http://www.accidents-domestiques.com est déjà un bon début pour l’information…
    Mais est-ce qu’on intègre vraiment les bons réflexes, par exemple ne jamais laisser Bébé une seconde seul sur la table à langer (c’est tout bête, on le sait, mais parfois le téléphone sonne, ou on oublie de prendre une couche et un body et on fait ce qu’on ne doit pas faire ; il y a encore des bébés qui arrivent aux urgences pour traumatisme crânien lié aux chutes de la table à langer) ; est-ce qu’on ne laisse plus dépasser les queues des casseroles que Bébé peut se renverser dessus etc ?
    Pour ma part je suis très étonnée que, dans certaines villes, les gens n’aient pas le droit de mettre des filets aux fenêtres des bâtiments pour ne pas casser l’image « urbanistique » alors que la défenestration est une cause importante de mortalité chez les petits !

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