« L’expérience de la vie ne commence qu’une fois que le nouveau-né a le crâne rasé, si bien que la première coupe de cheveux du bébé est un événement marquant pour de nombreux Chinois ». Rappelons que dans la Chine ancienne, on disait que les cheveux de nouveau-nés avaient la capacité de conjurer le mauvais sort. Les gens collectaient ces cheveux et en faisaient des boules qu’ils suspendaient à leur porte.
Mais là, vous êtes sans doute en train de vous demander pourquoi je vous raconte cela. Et bien, c’est tout simplement parce pas moins d’une quarantaine d’entreprises dont la société Shanghai Xiao en ont fait leur commerce afin de créer des pinceaux de calligraphie en cheveux de bébé.
« La grande souplesse des cheveux de nouveau-nés et la finesse de leurs pointes en font un matériau idéal pour la fabrication des pinceaux », explique M. Yang, coiffeur pour cette société.
Monsieur Yang tond en moyenne 10 bébés par jour et cela peut aller jusqu’à 20 en été, cela coute 28 yuans aux parents, soit 3 euros, cette somme pouvant être déduite du prix d’un pinceaux si les parents en commande un.
Pour marquer l’importance symbolique de la toute première coupe, certaines familles pratiquent au préalable certains rites issus des traditions bouddhistes et taoïstes : elles brûlent des cierges, allument des pétards, font des offrandes d’aliments. Si on fabrique des pinceaux en cheveux de nouveau-nés depuis la dynastie des Tang (618-907), leur succès en Chine continentale ne remonte qu’à une dizaine d’années.
Particulièrement complexe, la fabrication de ces pinceaux fait intervenir des dizaines de techniciens. Jadis, seules les familles riches pouvaient s’en procurer, si bien que les pinceaux en cheveux de nouveau-nés étaient également appelés fuguibi (pinceaux de la richesse).
Le prix de ces pinceaux un peu spéciaux varie entre 88 et 1988 yuans l’unité soit entre 9 et 200 euros.