Certains médicaments sur ordonnance sont trop pris par les canadiennes

Verre-medicaments-femme-enceinte Plus de 6% des femmes enceintes au Québec consomment des médicaments sur ordonnance qui sont connus pour être nocifs pour le fœtus, selon une enquête de l’Université de Montréal publiée dans le British Journal of Obstetrics and Gynaecology. La moitié de ces femmes vont mettre fin volontairement à leur grossesse, craignant des malformations congénitales, ce qui signifie que le taux d’avortement chez ces femmes est de 11% plus élevé que chez le reste de la population.

«Je ne m’attendais pas à de tels résultats et j’ai été extrêmement surprise», affirme l’auteur principal, Anick Bérard, professeure à la Faculté pharmaceutique de Montréal, et directrice de l’Unité de recherche sur les médicaments et la grossesse au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine.

Le docteur Bérard a examiné les données de 109.344 femmes du registre des grossesses au Québec, âgées de 15 à 45 ans, qui étaient enceintes entre 1998 et 2002. Son équipe de recherche a constaté que 6.871 femmes enceintes consommaient l’un des 11 médicaments disponibles sur ordonnance qui sont connus pour être nocifs au fœtus durant le premier trimestre, le deuxième ou le troisième. Parmi ces femmes, 3229 ont avorté, 6% ont fait une fausse couche, et 8,2 % ont donné naissance à un enfant atteint de malformations congénitales majeures.

Par comparaison, le taux de malformations du foetus dans la population générale dans la province de Québec est d’environ 7%. « S’il y a 80.000 naissances au Québec par an, soit une différence de 1% cela se traduirait par 800 enfants nés avec des malformations graves suplementaires », dit Bérard, qui est actuellement professeur invité à l’Université Claude Bernard de Lyon. « Au mieux, ces bébés mourront. Dans le pire des cas, ils vont vivre avec de graves problèmes de santé physique ou psychologique. »

L’étude a également examiné l’utilisation de médicaments sur ordonnance qui sont connus pour causer des problèmes de naissances prématurées. Les chercheurs ont constaté que 11.400 prescriptions pour les médicaments dangereux, tels que l’isotrétinoïne (pour le traitement de l’acné et la rosacée), les benzodiazépines anxiolytiques (traitement anti-anxiété) et les anti-épileptiques, ont été utilisés par des femmes enceintes. Les autres médicaments qui sont nuisibles au fœtus, pour l’hypertension, l’anticoagulation et l’infection, ont également été largement utilisé.

Le docteur Bérard a été choqué de découvrir qu’un traitement particulier pour l’acné est encore disponible sur le marché canadien sans un programme de gestion des risques appropriés, puisque le produit augmente le risque de malformations de 30% . Sur les 73 femmes enceintes qui ont utilisé l’isotrétinoïne au Québec, elle a constaté que 78% des femmes ont avorté.

Le docteur Bérard croit que certains médicaments sont surexploitées, telles que les benzodiazépines pour traiter les symptômes de l’anxiété, et devraient être évités afin de réduire les risques de malformations du foetus.

D’autres médicaments sont nécessaires, cependant, comme les antiépileptiques. « Dans ces cas, la grossesse doit être planifiée avec soin et l’utilisation des médicaments doit être minime pendant le premier trimestre », a-t-elle souligné. « De plus, la future mère doit rencontrer son médecin régulièrement. »

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