Une recherche publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health rapporte que le tabagisme durant la grossesse augmenterait considérablement le risque d’avoir un enfant avec des problèmes comportementaux. Ceci serait perceptible chez les enfants dès l’âge de trois ans.
Plus de 14.000 paires mère/enfant ont pris part à l’étude. Il s’agit d’une population importante puisque l’étude était basée sur des enfants britanniques nés entre 2000 et 2001 issus de familles recevant des allocations familiales.
Les mères étaient classées en deux catégories, fumeuses légères ou grosses fumeuses, selon le nombre de cigarettes fumées par jour pendant la grossesse.
En utilisant un questionnaire, elles ont été invitées à évaluer le comportement des trois premières années de leur enfant. Les chercheurs se sont concentrés en particulier sur les problèmes de comportement et d’hyperactivité avec troubles de l’attention.
Les problèmes comportementaux étaient basés sur les réponses aux questions concernant :
• Le tempérament de l’enfant
• La fréquence des bagarres
• L’intimidation envers les autres enfants
• Son comportement en présence d’adultes
Quant à l’hyperactivité et l’inattention elles sont basées sur les réponses aux questions concernant :
• le degré de nervosité, d’agitation de l’enfant
• les périodes durant lesquelles l’enfant est facilement distrait ou son attention en général
Près d’une mère sur dix ont déclaré qu’elles fumaient fortement tout au long de leur grossesse, 12,5% ont déclaré qu’elles fumaient légèrement pendant cette période, et 12,4% ont dit qu’elles avaient cessé de fumer pendant la grossesse.
Les chercheurs ont pris en compte les facteurs susceptibles d’influer sur les résultats, notamment l’âge de la mère à la naissance de l’enfant, son niveau d’éducation et son statut socio-économique, la stabilité familiale et la parentalité problématique.
Les conclusions ont révélé que les garçons dont les mères ont fumé pendant la grossesse ont été significativement plus susceptibles d’avoir des problèmes de comportement, d’être hyperactifs et ont de courtes durées d’attention comparativement aux garçons dont les mères n’ont pas fumé durant leur grossesse.
Ils sont deux fois plus susceptibles d’afficher des problèmes de comportement. En outre, les fils de « petites fumeuses », c’est à dire moins de 10 cigarettes par jour, sont presque à 80% plus susceptibles d’avoir des troubles d’hyperactivité avec déficit de l’attention.
A trois ans, les filles de « petites » et « grosses » fumeuses sont nettement plus susceptibles d’afficher des problèmes de comportement que les filles dont les mères ne fumaient pas.
Fait intéressant, les auteurs disent que les filles dont les mères ont arrêté de fumer pendant la grossesse étaient beaucoup moins susceptibles d’avoir une combinaison de problèmes de comportement et d’hyperactivité, et de troubles déficitaires de l’attention que les filles dont les mères n’avaient jamais fumé. Cependant, ces conclusions étaient fondées sur un petits nombres de patientes.
Les auteurs suggèrent que c’est «parce que la capacité d’arrêter de fumer indiquent une certaine retenue et un tempérament facile à vivre qui sont des traits de caractère qui sont ensuite transmis à la descendance. »
«Fumer pendant la grossesse endommage la structure et le développement du cerveau du fœtus, ce qui a déjà été démontré chez les animaux», expliquent les auteurs. Ils ajoutent également que : «Le développement des fœtus garçons est peut être plus sensible à ce type d’agression chimique, ce qui pourrait expliquer pourquoi les garçons sont plus susceptibles d’avoir des problèmes de comportement que les filles. »
En conclusion, les auteurs disent que « le tabagisme peut aussi stimuler des interactions complexes entre des facteurs génétiques et environnementaux, ce qui contribue au développement de l’enfant et à son comportement futur. »