Quel casse-tête! En tant que parent et pour ce qui concerne l’éducation des enfants, c’est pour moi la chose la plus difficile à faire. Trouver la juste limite.
On veut bien faire avec ses enfants mais attention à ne pas TROP vouloir en faire car la sur-stimulation est un piège à éviter pour les parents trop zélés. Je me sens d’autant plus concernée par cette problématique que je fais moi-même partie de cette catégorie de parents qui multiplient les activités d’éveil en tous genres pour stimuler mes petits qui ont tant de capacités… C’est plus fort que moi, c’est peut être parce que j’étais l’ainée… scolaire et stressée!
En effet quand Edwige Antier dans une interview parle de la sur-stimulation, voici ce qu’elle en dit: « l’ainé est souvent plus stimulé: souvent il a des résultats plus brillants, c’est un enfant plus concentré, plus performant mais aussi plus angoissé. Les parents ont à trouver un juste milieu entre le jeu et la surstimulation. Si on prend du temps avec son enfant, on comprend ses rythmes ».
Alors je dois dire que je suis un peu paumée, car en voulant dénoncer la sur-stimulation ce que je lis ici c’est qu’un enfant stimulé développe des capacités qui lui permettent éventuellement par la suite de réussir dans ses études. C’est important. Alors évidemment mon objectif n’est pas de faire de mes bébés des enfants et des adultes angoissés. Et mon objectif n’est pas non plus de privilégier ma fille ainée par rapport à mon fils cadet. Du coup, cette remarque, qui n’engage que son auteur, me laisse un peu perplexe.
Le point sur lequel je rejoins Edwige Antier est que l’une des clés de la réussite pour stimuler son enfant efficacement sans le braquer est effectivement d’attendre le bon moment, le moment où il a envie, où il est réceptif. Choisir une activité adaptée à son âge mais plus que cela en fait, adaptée à son niveau de compréhension et de développement (car le rythme de progression des enfants dans leurs acquisitions n’est pas linéaire comme chacun le sait et n’a pas un ordre précis: certains enfants développeront d’abord leurs facultés psychomotrices quand d’autres développeront leur langage et leur vocabulaire).
Essayer de ne pas se focaliser sur une discipline mais sur toutes car tout est important et tout est lié en matière d’éducation (c’est un principe de la pédagogie Montessori).
Personnellement, j’ai une petite technique que j’applique avec mes enfants. Quand nous faisons une activité (par exemple de la peinture), j’essaye de porter leur attention sur leurs 5 sens. Ainsi, on regarde la peinture, les différentes couleurs, on la touche pour en éprouver la texture: si elle est froide ou tiède, pâteuse ou fluide, on ne peut pas la gouter ce n’est pas recommandé mais on peut la sentir, quelle est l’odeur de la peinture et écouter aussi le bruit de la brosse sur le papier ou le plic ploc du bouchon que l’on trempe dans la peinture. De cette façon, même l’activité la plus simple devient passionnante pour un tout petit. Lire à ce sujet « quels jeux pour quels âges? »
Une autre bonne technique est de le faire participer à nos tâches domestiques quand nous en avons le temps (lire l’article de Rachel Haas à ce sujet « Dès 18 mois, susciter la coopération« ). En effet, même un nouveau né appréciera de sentir les bonnes odeurs de cuisine. Dès qu’ils le pourront, les petits adoreront vous aider et sans s’en douter ils apprendront plein de choses. En faisant le ménage ils apprendront à synchroniser leurs mouvements, en participant à la cuisine tous leurs sens seront en éveil, en vous aidant à ranger ils apprendront à catégoriser. L’éveil ne se trouve pas que dans des activités de type scolaire ou dans des jeux éducatifs, il y a mille façons d’éveiller son enfant. Et la façon la plus efficace d’y arriver est de partager avec lui des activités qui nous plaisent à nous aussi. Les enfants seront très sensibles à ce partage.
Pour ce qui concerne les activités dites un peu plus scolaires (tout de suite les grands mots!…), il y en a plein. Il y a la peinture, le dessin et le coloriage, la pâte à modeler, les gommettes, les autocollants, la pâte à sel, le découpage (la grande passion de ma fille!), le collage (de bouts de ficelle, de morceaux de papier ou de tissus, de pâtes alimentaires etc.) pour les plus courantes. Les cahiers d’éveil ne sont pas utiles avant 3 ans pour la plupart, rien ne sert de placer son enfant en situation d’échec en lui proposant des activités trop difficiles pour lui. Mais bien sûr on trouvera toujours des petits qui apprécient de faire des activités dans un cahier d’éveil dès 2 ans. De même pour les carnets de coloriage. Il y a aussi tous les jouets d’éveil comme les puzzles à grosses pièces en bois, les lotos et premiers memory, les cartes à classer, les petits instruments de musique, les jeux de construction, les cubes… Et puis tous les livres bien évidemment. Là encore le trop est l’ennemi du bien. Si on présente à l’enfant 10 jouets éducatifs, il ne jouera avec aucun. Les activités doivent être proposées les une après les autres en respectant le rythme de l’enfant et ses centres d’intérêts.
Mais ce qui compte tout autant que toutes ces activités, c’est de laisser au tout-petit le temps de s’ennuyer… En effet, le journal des femmes de l’internaute nous rappelle qu’un enfant qui ne connaîtrait jamais l’ennui serait dépossédé de sa capacité à créer.
Et voilà la difficulté… tout est dans le dosage. Il faut savoir trouver la juste limite.