Le plan de naissance Partie 2

1119446351_0cd164e0ea Hier nous avons vu ce qu’est un projet de naissance et à quoi il servait. Je vous propose aujourd’hui un petit tour non exhaustif de ce que vous pouvez mettre à l’intérieur.
Bien sur, chaque maman étant différente, ainsi que chaque grossesse, il n’y a rien de plus personnel qu’un plan de naissance.
Les exemples donnés ci-dessous ne sont là que pour vous aider à comprendre dans quel sens le projet peut vous aider à vous approprier ce qui devrait être le plus beau jour de votre vie.

Pour y réfléchir et le construire, je ne saurais trop vous conseiller le très bon bouquin de Sophie Gamelin-Lavois : « Préparer son accouchement, faire un projet de naissance »

Il est tout petit, très facile à lire et peu cher. Toutefois vous trouverez aussi beaucoup d’aide et de conseils sur ce site internet ICI .

Que peut contenir le plan de naissance ? Et bien c’est tout simple, vous pouvez réfléchir à ce que vous désirez au niveau par exemple de l’environnement (lumière plus intime que les néons habituels, musique).
Plus important (à mes yeux mais encore une fois une chose importante ne l’est pas du tout pour quelqu’un d’autre), les gestes à éviter. Je reviens ici sur ce que j’ai dit dans la première partie, le plan de naissance n’est pas là pour se substituer au savoir du staff médical. Mais toute femme enceinte n’est pas censée se remettre corps et âme, les yeux fermés, à la toute-puissance médecine. Comme dit précédemment, vous pouvez consulter 5 médecins en ayant 5 réponses différentes quant au traitement et à l’accompagnement.
Exemple tout bête : l’épisiotomie.
En page 36 de ce manuel édité par l’OMS, vous pouvez lire à ce propos

En conclusion, rien ne prouve fiablement que l’utilisation généralisée ou systématique de
l’épisiotomie ait des effets bénéfiques, mais il est évident qu’elle peut être nuisible. Lors d’un accouchement jusque-là normal, une épisiotomie peut parfois se justifier, mais il est recommandé de restreindre le recours à cette intervention. Le pourcentage d’épisiotomies réalisé dans l’essai anglais (10 %) sans risque pour la mère ni pour l’enfant (Sleep et al. 1984) devrait être un but à atteindre.

En Angleterre, une campagne d’informations a fait baisser de 52 à 13%  le taux d’épisio.
En Suède, il est de 6%.
En France, 50% des accouchements ont droit à leur épisiotomie. Dont 70% lorsque c’est le premier.
Les femmes enceintes anglaises, suédoises et françaises accouchent-elles de manière différente ? Leurs bébés sont-ils plus petits ? Leurs obstétriciens et sage-femmes sont-ils des super-héros ?
Non, non et non. Il ne s’agit ni plus ni moins que de « mauvaises habitudes ».

Lorsque sur mon plan de naissance, j’ai noté « Je souhaite au maximum éviter une épisiotomie, sauf en cas d’urgences (souffrance fœtale, risque de déchirure très importante) », je me suis dis, mais bon sang, c’est fou quand même. Que je sois obligée de le marquer. Comme s’il y avait des femmes qui se disaient « Chouette, j’espère que je vais avoir une méga épisiotomie, c’est vraiment génial de pas pouvoir s’assoir pendant 6 semaines »…
Et pourtant les chiffres et les études sont là. Si vous accouchez pour la première fois, en France, vous avez 10 fois plus de chances d’y avoir droit que si vous accouchez en Suède.

Autre exemple du même acabit (faits de manière systématique, présentant des risques pour la mère et l’enfant et sans utilité démontrée) : le rasage, le lavement, la sonde urinaire, les perfusions d’ocytocine, etc etc etc.

Le projet de naissance concerne aussi votre famille ;-). Par exemple, pourquoi Brad il a eu le droit d’assister à la césarienne d’Angie et que Madame Duchmoll on lui a dit « ah nan le papa il reste dans la salle d’attente » ? Là encore, la politique varie selon les maisons (enfin, maisons, façon de parler) !
Même s’il n’est pas prévu que vous accouchiez par césarienne, renseignez vous sur la possibilité que le papa y assiste si elle devait finalement avoir lieu.

Et dans « votre famille », il y a aussi bien entendu le bambin, la chair de votre chair, le sang de votre sang.
Là aussi, les gestes sont différents d’un endroit à l’autre ! Ainsi malheureusement que les gestes invasifs.
Vos souhaits peuvent aller des soins (attendre plusieurs heures avant la pesée et la mesure, prendre tout votre temps pour un peau à peau, avec ou sans mise au sein, souhaitez-vous qu’il soit baigné à la naissance ou non, qu’il soit habillé ou souhaitez vous le garder nu contre vous sous les couvertures ?) jusqu’aux gestes médicaux (aspiration par le nez, pas la bouche. Est-elle vraiment nécessaire dans le cadre d’un accouchement physiologique ?), etc etc etc.

Je n’ai bien évidemment que survolé les principaux thèmes concernés par un projet de naissance. A vous de réfléchir, trier, peser vos choix.
Il semblerait que la rédaction d’un tel projet soit plus facile pour une multipare. La première fois on a tendance à se laisser guider dans l’inconnu. La seconde, on sait ce dont on ne veut plus. Et on est plus à même de l’imposer.

Bien entendu, il ne s’agit pas non plus de poser des exigences folles et irréalistes. Par exemple, si vous demandez à ce qu’on vous amène des macarons de Ladurée pendant la phase de travail, il serait étonnant, même aux Bluets, qu’on satisfasse votre caprice. Par contre, vous pouvez exprimer le souhait de vous restaurer et vous désaltérer pendant cette phase (et là, vous avez prévu les macarons et vous pouvez les sortir de votre valise de maternité, et toc !).

Plus sérieusement, il ne s’agit pas non plus de mettre la vie et la santé de votre enfant ou la vôtre, en jeu. J’avais expressément souhaité que ma fille ne soit pas aspirée et qu’on la laisse tranquille à sa naissance. Or, il se trouve que j’ai accouché après terme, et qu’il y avait du méconium dans le liquide amniotique. la sage-femme m’a donc expliqué qu’elle voudrait faire un prélèvement dans sa gorge pour éviter tout risque de contamination. Il est évident que j’ai accepté.
Autre exemple, j’avais refusé la perfusion d’ocytocine ou autres joyeusetés pour accélérer le travail (toujours dans le cadre d’un accouchement physiologique normal), la sage-femme a quand même insisté pour me poser une perfusion à vide, pour pouvoir réagir rapidement si cela été nécessaire. Là encore, j’ai accepté (mais j’aurais pu refusé).

Le principe et le but du projet de naissance ne sont pas les heurts avec le personnel qui vous entoure. Mais au contraire, de pouvoir discuter, peser, analyser, vos choix et leurs façons de travailler.

Je finis là en disant que bien sur, nous idéalisons toutes ce jour qui devrait être merveilleux. Malheureusement, quelquefois, cela ne se passe pas du tout comme nous l’aurions voulu. Le projet de naissance permet aussi de se préparer à ces éventualités.

Pour réaliser votre projet de naissance, outre l’excellent livre de Sophie Gamelin-Lavois, je vous propose les liens suivants :
Préparer un plan de naissance, accoucher autrement
Projet de naissance
Le projet de naissance, doulas de France
Afar info : le projet de naissance
Exemple de projet de naissance

(2 commentaires)

  1. Pour la perfusion, elle est souvent rejetée par les femmes qui pensent qu’il sera toujours temps de la poser si nécessaire. Il faut savoir qu’une des principales raison pour lesquelles la perfusion est posée est le risque d’hémorragie. Mon amie sage-femme m’a expliqué qu’en cas d’hémorragie les veines collapsent et qu’il est très difficile de poser une perf dans ces conditions. Elle a déjà eu le cas (dans un hôpital en Guyane où ils n’avaient pas le temps de perfuser tout le monde) et au final a du poser la perf dans le cou de la patiente, qui a moyennement apprécié. La perf « vide » est sans doute un bon compromis.
    Personnellement je trouve que plus qu’éviter à tout prix tel ou tel geste, le but est surtout de pouvoir faire entendre la façon dont on voit les choses. Comme vous, je voulais éviter certains gestes pour mon accouchement qui ont finalement été nécessaires mais suite au dialogue instauré avec les sages-femmes, j’ai senti que c’était vraiment nécessaire et aussi qu’elles essayaient autant que possible de nous intégrer à la décision (ex : percer la poche des eaux). Et enfin qu’elles faisaient tout leur possible pour que l’accouchement soit aussi proche de ce que je voulais. Je crois que c’est ça qui fait toute la différence. (et je n’avais pas fait vraiment de plan, juste réfléchi sur quelques points dont je leur ai parlé sur le moment)

  2. Bonjour,
    Oui c’est exact, la pose de la perf peut se faire en prévention, comme dit dans la note.
    Pour ma part, j’étais réticente, car suite à un premier accouchement catastrophique, j’avais demandé mon dossier médical. Et là quelle surprise d’apprendre que j’avais eu droit à de l’ocytocine sans même qu’on m’ait prévenu 🙁
    Alors que comme je le disais, forcément en étant restée allongée sans manger, ni boire pendant plus de 20H, il était somme toute assez « normal » que la dilatation stagne et que bébé ne descende pas.
    Et encore une fois, cela ne veut pas dire que l’ocytocine est le produit poison, juste il faut l’utiliser à bon escient, quand on a déjà essayé auparavant toutes les autres méthodes plus naturelles comme la marche, tout simplement.
    Bonne journée !

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