Respecter son prochain, cela commence au jardin d’enfants

Jardin_enfant Hier après-midi, comme je vous le disais, le soleil a enfin daigné se montrer. Alors ni une, ni deux, j’ai jeté 2 ou 3 affaires dans un sac pris mon plus grand panier et je l’ai rempli avec un chapeau pour chacun des enfants, un goûter pour chacun des enfants, les lunettes de soleil pour chacun des enfants, la grande couverture de pique-nique, une gourde d’eau, une très grosse poignée de cerises, un magazine, de la crème solaire, des bavoirs et petits torchons, une couche, un ballon…et je dois en oublier… Purée mais où est passé le temps où je partais avec les mains dans les poches ?

Nous voilà donc rendu au jardin d’enfants du village d’à côté (ben oui, dans notre village à nous, le maire a estimé qu’un pauvre toboggan ça suffisait aux enfants pour s’amuser pendant des heures).

Au jardin d’enfants, il y a deux sortes d’enfants. Il y a ceux (dont les miens font partie) qui ont une tendance innée à aller vers les autres, à jouer avec eux, à leur parler, à partager leur goûter et leurs jouets (non je ne me vante pas c’est la vérité vraie, et les théories « quooooiii-il-ne-va-pas-à-la-crèche-il-reste-toujours-avec-vous ? mais-il-va-être-complètement-asocial ! » peuvent aller se rhabiller).

Et puis il y a les autres. Ceux qui poussent, qui tirent, qui piquent le goûter ou les jouets, qui prennent la place dans la file du toboggan, qui balancent du sable dans les yeux, qui jettent des cailloux sur les autres, qui mordent, qui tapent.

Au jardin d’enfants il y a aussi deux sortes de parents/assistantes maternelles/grand-parents. Il y a ceux (dont je fais partie) qui ont un œil sur leur fiston (qui a décidé que les jeux pour enfants de 5 ans, c’était ‘achement plus drôle que ceux de son âge et veut se mettre à l’escalade), un œil sur leur bébichou (qui a décidé que les marguerites c’est super joli mais que c’est en plus super bon en salade) et un troisième œil parce que Sartre avait raison : L’enfer c’est les autres (surtout au jardin d’enfants).
Et puis il y a ceux que s’ils n’avaient pas à leurs côtés un vélo taille gnome, ou une poussette, on penserait qu’ils sont venus seuls, tellement ils sont capables de garder les yeux sur leur bouquin pendant des heures ou même carrément de s’obstiner à tourner la tête de l’autre côté (toujours le mauvais).

Et j’en reviens là aux sauvageons du dessus. Ne vous méprenez pas, je ne blâme pas les enfants. Moi-même, il m’est arrivé, rouge de honte, de voir mon fils, cette bonne pâte, ramasser une poignée de cailloux et la balancer sur un petit camarade. Comme ça, d’un coup, pour rien. Sous mes yeux horrifiés. C’est très rare, cela a du arriver 2 fois en 3 ans. En général il s’escrime uniquement sur les pauvres fourmis (j’ai beau lui expliquer à chaque fois qu’elles ne lui ont rien fait, respect des animaux, bouddhisme, réincarnation, etc…Rien n’y fait, il a dû être fourmilier dans une autre vie).

Mais dans ces cas là, est-ce que le devoir d’un parent ou d’une assistante maternelle n’est pas d’intervenir pour expliquer doctement au bambin dont on a la responsabilité que « Non, on ne fait pas de mal aux autres/on ne pousse pas/on ne jette pas de cailloux/chacun son tour pour le toboggan ou la balançoire/ tu ne prends pas le ballon des mains s’il ne veut pas te le prêter ? ».

Certains sont partisans du « laisser faire », ça leur « forge le caractère », ça leur « apprend la vie » (comme ça fait les poumons aux bébés de les laisser pleurer, mouahahaha) et que c’est cela « la vie en société ».

Vraiment ? est-ce vraiment cela la vie en société ? Celui qui tape, terrorise, bouscule est le leader ? C’est ainsi que l’on se fait respecter ? ou encore qu’il faut rendre coup pour coup ?

Et bien moi je fais partie de l’autre sorte. Celle qui surveille ses enfants comme le lait sur le feu, pas parce que je n’ai pas confiance en eux (c’est plutôt dans les autres que je n’ai pas confiance, quand ils me sont inconnus en tout cas), mais parce que je suis prête à intervenir si un petit camarade s’en prend à la prunelle de mes yeux et que la personne responsable de la petite brute ne bouge pas un cil.
J’interviens de la même manière quand c’est mon enfant le petit sauvageon (Et si c’est super rare, c’est pas ma faute à moi, moi Lolita).

Cela me met toujours en rage de devoir intervenir à la place d’un autre. Est-ce parce que mon fils a un tee-shirt tête de mort (il l’adore et moi aussi, du coup il le met très souvent) que les autres parents pensent que c’est une terreur qui fait régner sa loi et que donc, pas besoin de surveiller les leurs ?
Est-ce qu’ils me prennent pour une baba-cool, parce que contrairement aux autres qui se groupent sur les bancs, j’étale ma grande couverture dans l’herbe et que je vire mes chaussures ? Peace mon frère and love ma sœur ?

Et bien ne vous fiez pas aux apparences, mon fils, sous son tee-shirt de pirate est une vraie crème, prêt à donner son doudou au premier inconnu qui le lui demande. Quant à moi, je suis tout sauf baba-cool, même si j’utilise des lavables et une mooncup. Sorti de là, je suis un vrai roquet !

C’est certainement pour cela que les gens ouvrent de grands yeux étonnés ou qu’ils sont fort courroucés quand ils me voient tancer vertement leur progéniture qui vient d’écraser la tête de mon fils dans le bac à sable, pendant qu’ils fumaient leur clope nonchalamment.

Me substituer à l’autre autorité , celle qui devrait être, ne m’amuse pas. Bien loin de là même. Mais que faire d’autre ? laisser couler ? éloigner mon fils des jeux pour le protéger en le punissant du même coup ? Hors de question.

Je sens que je vais rester la mégère du jardin d’enfants pendant encore plusieurs années. Mais j’assume. La socialisation commence au jardin d’enfants et la société que je veux pour mes petits n’est pas de celle-là. Je suis sans doute une grande naïve (la preuve je m’entête à amener chaque fois un magazine, c’est ainsi que je me retrouve à lire hier que « L’hiver arrive, protégez vous de ses petits maux » alors qu’on est en mai) mais je veux croire qu’en apprenant tôt à nos enfants à se respecter les uns les autres, nous en ferons des hommes meilleurs et par là-même, ils créeront une société meilleure.

Imagine all the people….Je suis peut-être vraiment baba-cool après-tout 😉

PS Promis, demain, une note de 3 lignes maximum.

(6 commentaires)

  1. Je ne m’étais jamais posée la question, (ma fille n’a pas encore l’âge des jardins d’enfants) mais travaillant en crèche, j’ai souvent l’occasion de surveiller les ptits filous qui attaquent les plus petits ou les plus crèmes qu’eux, ou encore qui s’attaquent entre eux :p
    Mais c’est vrai que dans les parc chacun s’occupe de l’enfant dont il a la responsabilité; ça me semblait du moins évident avant de lire cette note! Ce qui est sûr c’est que je ne me priverai pas de « gronder » un enfant qui attaque le mien si personne n’intervient, de la même façon que je parlerai à ma fille si elle le fait.

  2. Bonjour Emilie,
    Quand vous voulez, on va au parc ensemble, je vous prêterai un bout de ma couverture 😉
    Bonne journée !

  3. Je suis toujours choqué quand les enfants même que je connais envahisse la bulle de mon enfant (9 mois) le réduisant à une simple poupée. personne ne leur a dis que c’était pas un jouer.
    j’apprécies les enfant qui vont vers lui, l’abordant comme une personne
    on confond social et sociable dans le discourt.
    je connais des enfants trers respectueux de la bulle de mon fils qui lui prenne des jouet des mais, mais il gère ça entre eu. et ça fini bien car le respect est là (même a 9 mois!).
    le respect commence dans l’approche de l’enfant. si on le respecte pas, comment peut il respecter l’autre?

  4. Bonjour !
    Je suis assez sensible au « problème » aussi car mon ainé de 3 ans passé, veut très souvent sa soeur. Je dis « veut » car c’est ainsi qu’il la réclame « Je veux Alice, je la veut » en ouvrant les bras. Ca part d’un bon sentiment, mais je lui explique à chaque fois que sa soeur n’est pas un jouet et que cela ne lui plait peut-être pas des masses à sa soeur de se faire manipuler comme une poupée. Bien des fois elle dément en étant pliée de rire 😉 Mais bon…
    Bon dimanche !

  5. Bonjour,
    Je suis educatrice de jeunes enfants et donc très sensible à ce que vous dites. Je le ressens régulièrement ce « désinvestissement » de la part de certains parents ou assistantes maternelles. Lorsque je fais des animations et que je vois qu’un enfant a un comportement agressif vis à vis d’un autre enfant, je n’hésite pas à intervenir mais également à aller prévenir l’adulte responsable de l’incident. Heureusement, tous les adultes ne sont pas ainsi mais je trouve qu’il y en a de plus en plus!

  6. Bonjour Carine,
    Merci pour votre commentaire. Pour ce qui est d’aller voir l’adulte, j’avoue que là c’est un problème pour moi.
    Car il y a le cas où il est de bonne foi et n’a vraiment pas vu « l’altercation » (cela a pu m’arriver aussi peut-être, qui sait ?) mais il y a aussi les cas où l’adulte a tout vu et n’a quand même pas jugé bon intervenir.
    Là j’avoue que je suis fatiguée à l’avance à l’idée de devoir lui expliquer mon raisonnement, alors que je sais que cela ne changera probablement pas son point de vue.
    Bonne journée !

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