Pendant longtemps, les psychologues, surtout en France, n’ont pas été à l’aise avec la notion de tempérament, surtout chez les tout-petits : cela supposerait de reconnaître quelques traits de caractère qui seraient innés. De plus, il est difficile d’observer et d’identifier ce qui relève du tempérament et ce qui est lié à d’autres facteurs. Par exemple, si Bébé pleure souvent, est-ce à cause de sa peur de rester seul, d’une certaine angoisse ou simplement parce qu’il souffre de coliques ?
Une autre difficulté de l’analyse est le fait que les études sur le tempérament ont fait appel à des questionnaires administrés aux mères : or, celles-ci peuvent avoir leur idée du tempérament de leur enfant, plus ou moins proche de la réalité.
Pourtant, quand on a deux enfants, ne fait-on pas l’expérience, dès la naissance, d’un enfant différent, plus ou moins souriant que l’aîné, plus « mou » ou plus nerveux ?
Aujourd’hui, les psychologues français redécouvrent le « tempérament », grâce au lien avec une notion venue des Etats-Unis : l’attachement. En bref, le tempérament du bébé influe sur ses échanges avec sa mère, sur le degré d’ajustement entre les deux et donc sur l’attachement de l’enfant.
Mais qu’est-ce que le tempérament ? Il est envisagé différemment, selon les auteurs :
– comme un style comportemental, comprenant plusieurs dimensions dont la sensibilité sensorielle, la durée de l’attention, l’adaptabilité,
– comme personnalité émergente, avec une focalisation sur trois dimensions : l’émotivité, l’activité et la sociabilité,
– comme mode de régulation physiologique, incluant des dimensions comme la peur, la capacité à supporter la frustration ou l’activité vocale.
Source : M Hubin-Gayté, Pour une réhabilitation de la notion de tempérament du nourrisson, Enfance, no 4/2007.