Réflexions sur l’allaitement (1/2)

1160131478_bebe_3 Le lait de l’amer de Nancy Reid Knézévic (chanteuse, écrivaine)

« Le 27 août 2007, j’ai accouché de mon fils, Alden, dans des conditions parfaites. Dix minutes après sa naissance, il est mis à mon sein, j’étais à mille lieues de penser que j’allais allaiter, que j’aimerais allaiter. Et voila, c’était fais. Quelques jours plus tard, j’ai remercié le bon Dieu de m’avoir fabriqué, en trois jours à peine, une poitrine digne d’apparaitre au musée Orsay et de découvrir, en même temps, une curieuse acceptation que quelqu’un puisse, à ce point dépendre de moi. Au bout d’une semaine, j’ai décidé d’inclure un à deux biberons par jour pour que le père puisse partager cette joie primitive : nourrir. Et je n’y ai plus repensé.

Je sors de la maternité le 4 septembre. pendant cette parenthèse, j’ai connu le curieux isolement des jeunes mères, la vie entièrement dictée par les besoins du tout nouveau despote, qui se douchent a toute allure et profitent de chaque instant de leur sommeil pour essayer de vivre autre chose que lui, tout en ayant bizarrement besoin de si peu. Les coups de fils s’estompent, peu de choses existent ; on se découvre rassasié par ce désert.
Act II scène 1 : coup de théâtre -entrée de la belle-mère. Brève préface, mais de taille : j’aime ma belle-mère de tout mon coeur. Elle a été, jusqu’à ce jour, une « bonne fée ». Sauf que voila : on n’est pas de la même génération. Elle, comme ma propre mère, vient de celle ou on racontait des sornettes: votre lait n’est pas assez bon, vous n’en n’avez pas assez, etc. Peu de gens sont réellement éduqués dans la physiologie de l’allaitement, mais tout le monde a des opinions ; de plus, on n’a aucune idée à quel point c’est fragile. Le sein, c’est à dire le coeur de la mère, devient un vase de porcelaine chinoise sur lequel la moindre brise agit comme l’ouragan Katerina sur la nouvelle-Orléans.
Pour la faire brève, mon lait a disparu. C’était littéralement comme si mes seins avaient des oreilles. A force d’entendre des commentaire sur « mon lait », ou l’alimentation en général, ou encore « je n’ai pas allaité mes fils et ils vont bien, alors t’inquiète… », je suis passée au biberon. pas sans une lutte, évidemment. J’ai fais venir une experte en lactation, j’ai loué une double pompe, j’ai utilisé le D.A.L (Dispositif d’Aide à la Lactation). J’ai tout fais (j’étouffais ?) ! Mais au bout d’un moment, il a bien fallut accepter que c’était fini. Deux choses m’ont aidée à tourner ce morbide virage: l’amour du père et la pensée que je ferais mieux au suivant. Mon second enfant, je ne me laisserais pas faire. « 

Un commentaire

  1. Que je me retouve dans ces quelques lignes … meme expêrience pour mon premier …
    ne pas se laisser faire , que c’est dur !
    Mais on y arrive et tout se passe mieux.
    Merci.

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