Dans les récits terrifiants d’accouchement, que vous aurez peut-être le malheur de devoir écouter, le forceps tient souvent un rôle bien noir. Il a marqué des générations et est souvent mal accueilli par les mamans en travail.
Pourtant, l’utilisation du forceps, qui est aujourd’hui bien maîtrisée, sauve bien des vies, que ce soient celles des mères ou celles des enfants. Il en existe plusieurs sortes dont une qui rappelle les couverts à salade en pince !
On recoure aux forceps pour tirer l’enfant quand, lors d’une naissance par voie basse, la mère est trop fatiguée pour pousser ou lorsque, malgré ses efforts, le bébé ne sort pas.
Le médecin introduit alors les forceps, une branche à la fois, avant de les assembler et de tirer. C’est un geste banal que les obstétriciens maîtrisent bien et qui ne présentent pas de risque particulier. Une anesthésie, locale ou totale, sera pratiquée et la mère ne souffre pas.
Pour le bébé aussi, le forceps est le bienvenu. Le passage dans le bassin est difficile et ne pas le laisser s’éterniser est un bienfait pour l’enfant. L’utilisation des forceps laisse souvent des marques rouges sur les tempes ou les oreilles, c’est très impressionnant, mais cela disparait très vite, en quelques heures généralement.
Si vous êtes enceinte et que ce type de pratiques vous inquiète. N’hésitez pas à contacter la clinique ou l’hôpital où vous avez prévu d’accoucher pour demander à vous faire expliquer les procédures et les instruments. Le personnel soignant préfère nettement passer un peu de temps avec les futures mamans que les affronter totalement paniquées le jour J ! 🙂
Lire aussi : Post-partum : pourquoi pas une doula ?
La péridurale
Illustrations : Organisation Mondiale de la Santé & WikiCommons
Effectivement, comme il y a été signalé dans un commentaire sur un autre article, l’information donnée ici sur les forceps est lacunaire. La page même de l’OMS que vous citez comporte un volet « complications »
COMPPLICATIONS FOETALES
* Les lésions des nerfs faciaux nécessitent une mise en observation. Elles sont en général auto-limitantes.
* Des lésions du visage et du scalp sont possibles. Nettoyer et examiner les déchirures pour déterminer si des sutures sont nécessaires.
* Les fractures de la face et du crâne nécessitent une mise en observation.
COMPLICATIONS MATERNELLES
* Des déchirures des voies génitales sont possibles. Examiner soigneusement la patiente et procéder, le cas échéant, à la réfection des déchirures cervicales ou vaginales ou à celle de l’épisiotomie.
* Il arrive que l’utérus se rompe, auquel cas un traitement immédiat s’impose.
http://www.who.int/reproductive-health/mcpc_fr/interventions/i_39_42_extraction_forceps.html
Bonjour Emma,
Merci pour votre commentaire et votre lien.
Sur les différentes publications médicales que j’ai pu étudier pour écrire ce billet, les points que vous relevez concernent essentiellement les pays où la formation est insuffisante. Un recours tardif ou mal-approprié est souvent la cause de ces problèmes.
En Occident, ces complications sont rares et le forceps ne doit plus être redouté, sans être pour autant systématiquement utilisé.
Un accouchement n’est pas un acte bénin, c’est l’occasion de le rappeler. 🙂
Non c’est moi qui vous remercie pour votre lien, j’ai juste repris celui cité dans votre billet.
Pourriez-vous me donner les sources le lien entre les complications liées aux forceps et les pays mal formés ou les recours tardifs?
Il me semble que les pays les plus avancés délaissent en effet les forceps au profit de la césarienne parce que la chirurgie est plus facile à enseigner que le maniement des instruments – mais je n’ai pas les sources.
J’appécierais beaucoup d’avoir accès aux sources que vous avez consultées.
Je ne garde malheureusement pas les liens que je n’insère pas dans les billets. Mais j’ai trouvé cette info reprise et commentée sur plusieurs sites dignes de foi, c’est pour cela que je m’en rappelle.
Le recours à la chirurgie est une « mode » qui passe vite, son coût étant bien plus élevé tant pour l’acte que pour les suites.
Par exemple, cette étude comparative de naissances par forceps et par césarienne semble clairement préconiser le second (je n’ai pas commandé l’étude, je me base sur le résumé présenté) :
http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=17293121
Merci pour la dernière étude que vous citez : elle dit juste que, dans les cas où le bébé va mal (rythme cardique anormal), les forceps vont plus vite que la césarienne (en moyenne).
Les effets néfastes de forceps ne sont pas réservés aux pays en voie de développement.
Voyez par ex. cette étude en angleterre, où on mesure le nombre de complications suite à forceps pendant 4 mois, puis tous les professionnels de la maternité ont une formation complémentaire aux forceps, puis on re-mesure les complications graves pendant un an. Elles ont baissé de manière significatives. (complications prises en compte : déchirures du col de l’utérus, déchirures graves du périnée, admission du bb en néonatal, blessures graves du crâne ou du visages pour le nourrisson).
Ces complications existent bel et bien dans les pays développés, et elles dépendent surtout de l’expérience et de la formaiton du médecin.
J’aimerais beaucoup retrouver les sites qui disent que le recours aux forceps est « un geste banal que les obstétriciens maîtrisent bien et qui ne présentent pas de risque particulier ».
C’est une fausse information très ennuyeuse, parce que cela fait croire que les forceps, c’est tout à fait anodin (et par ricochet, que choisir des interventions lors de l’accouchement qui sont connues pour entraîner plus de recours aux forceps, c’est pas grave non plus).
Il est important de rappeler qu’il n’appartient qu’à l’obstétricien de faire le choix de la méthode à utiliser. Si on appréhende une technique, que ce soit la césarienne, les forceps ou toute autre chose, il faut en discuter pendant la grossesse avec des sages-femmes ou son gynécologue.
Les études se multiplient et plusieurs ont prouvé que les forceps, bien utilisés, sont sûrs.
En faisant une recherche sur Yahoo sur le terme « forceps » seul, les 2 premières réponses sont la Wikipédia, les 2 suivantes n’ont rien à voir et le 5ème confirme qu’il s’agit d’un outil sûr si la formation est adéquate. Le texte est signé d’un médecin, en voici le lien :
http://www.aly-abbara.com/livre_gyn_obs/termes/forceps.html
Je pense qu’il n’est vraiment pas difficile de trouver ces études.
http://www.aly-abbara.com/livre_gyn_obs/termes/forceps.html : Le site de ce médecin ne présente pas les références sur lesquelles il se base. Il s’agit là d’ « opinions » et non des « données ». Ces opinions sont sûrement tout à fait valable en ce qui concerne la pratique de ce médecin en particulier.
L’information médicale ne doit pas se baser sur des cas particuliers, n’est-ce pas, mais sur des faits vérifiés lors d’études.
J’ai enfin trouvé des indications de fréquence des complications. Ce sont des chiffres trouvés dans des études, au canada et Etats-unis, et présenté dans un « guideline » des la société des gynobs du canada.
Ces chiffres ne sont certainement pas généralisables et peuvent être discutés, mais au moins, on a une bases solide àdiscuter (les conditions de recueil de ces chiffres sont détaillés dans les études, on sait donc de quoi on parle)
http://www.sogc.org/guidelines/public/148F-CPG-Aout2004.pdf
*** citation de sogc.org *****
L’utilisation de forceps peut entraîner des complications maternelles et foetales. Une étude rétrospective (20)menée au Québec a signalé que des lacérations périnéales du troisième ou du quatrième degré survenaient à un taux de 31 % dans le cas de l’accouchement par forceps (20). Ce taux est semblable à ce qui a été établi dans le cadre d’autres recherches (28).
Chez le nouveauné,les lacérations faciales survenaient à un taux de 1%(6,19). Dans le cadre de l’étude québécoise (20), des séquelles neurologiques prenant la forme d’une paralysie du nerf facial se produisaient à un taux de 0,5 %, soit cinq fois plus souvent que dans le cas de l’accouchement par ventouse obstétricale (risque relatif [RR], 5; IC, 2,5–5). L’incidence du céphalhématome était de 1%, tandis que celle de l’hémorragie intracrânienne était de 0,1% (20).
Références citées :
6. Johanson RB, Rice C,Doyle M, Arthur J, Anyanwu L, Ibrahim A et coll.
«A randomised prospective study comparing the new vacuum extractor
policy with forceps delivery », Br J Obstet Gynaecol, vol. 100, 1993,
p. 524–30.
19. Meyer L, Mailloux J, Maroux S, Blanchet P,Meyer F. « Maternal and
neonatal morbidity in instrumental deliveries with the Kobayashi vacuum
extractor and low forceps », Acta Obstet Gynecol Scand, vol. 6, 1987,
p. 643–7.
http://www.greenjournal.org/cgi/content/full/103/3/513
20. Wen S, Liu S, Kramer M, Maroux S, Ohlsson, Sauve R et coll. « Comparison
of maternal and infant outcomes between vacuum extraction and
forceps deliveries », Am J Epidemiol, vol. 153, n° 2, 2001, p. 103–7.
http://aje.oxfordjournals.org/cgi/content/full/153/2/103
28. Johnson JH, Figueroa R, Garry D, Elimian A, Maulik D. « Immediate
maternal and neonatal effects of forceps- and vacuum-assisted
deliveries », Obstet Gynecol, vol. 103, n° 3, 2004, p. 513–8.
http://www.greenjournal.org/cgi/content/full/103/3/513
**** fin de la citation article dsogc.org ****
En fait, quand on recherche des références, il faut arriver à repérer les journaux scientifiques (BMJ, Lancet, Nature…) ou les sociétés savantes (collèges des gynéobs) pour être sûr de remonter aux sources, et de consulter des faits, non des opinions.
Bonjour Emma,
Merci pour ces nouveaux liens. Je suis sûre que nos lecteurs qui le souhaitent, seront ravis de les lire. Je vous rappelle cependant que nous sommes sur un support grand public et qu’on ne pourrait aborder exhaustivement un thème aussi important sur un seul billet.
Avant de rédiger le mien, j’ai effectué les vérifications nécessaires. Je suis sûre de mes informations et m’en tiendrais donc là. Je reste aussi persuadée de la compétence et de qualité de la formation reçue par les gynécologues français.
Vous avez fait une recherche à charge. Si vous complétez votre recherche et publiez un dossier complet en ligne, je serais heureuse que vous me fassiez parvenir le lien afin que je puisse le mettre en valeur auprès de nos lecteurs.
Mais je ne tiens pas à faire une bataille de liens ou d’arguments sur ce blog, ce n’est pas le lieu. Merci encore pour les informations que vous m’avez communiquées.
Je ne manquerai pas de vous faire parvenir le lien vers un dossier complet s’il venait à voir le jour.
Lisez-vous l’anglais ou faut-il que cela soit en français?
Une recherche sur les risques pour l’enfant et la mère après un accouchement avec des forceps m’a fait arriver sur ce site.
Peut-être pourrez-vous m’aider ?
Ma fille a accouché hier avec ce moyen . Elle a beaucoup souffert et le bébé aussi qui a de gros hématomes sur le crane et le visage.
L’interne qui est intervenu ne parlait pas français et en était visiblement à sa première expérience. Il a du être traumatisé aussi car il n’est pas encore retourné voir sa patiente.
Mes questions sont :
Que risquent l’enfant et/ou sa mère ?
Quelles sont les réserves à émettre avant de quitter l’hopital ?
Y’a t’il raison de déposer plainte ?