Les vacances sont finies. C’est le retour à la crèche, chez la nounou, à l’école. Donc le retour en collectivité, juste au moment où les bulletins épidémiologiques annoncent une nouvelle épidémie de gastro-entérite. Selon le réseau Sentinnelles, le pic épidémique pourra être atteint à la mi-janvier. Doit-on courir dès la rentrée après les baby-sitter, les pédiatres et les RTT ? Recommencer les nuits blanches ? On ne peut pas ne pas se demander si, « avant », les enfants étaient aussi souvent malades qu’aujourd’hui. La grand-mère de mes enfants, mère elle-même de 5 enfants, affirme que, « de son temps », le virus de la gastro-entérite n’existait pas. Que les enfants étaient moins malades. Certes, ils étaient gardés à la maison jusqu’à 4-5 ans, ce qui limitaient les risques de contamination. Mais est-ce la seule explication ? Le rotavirus, principal coupable des gastro-entérites qui touchent les enfants de moins de 3 ans, a été identifié en 1973. L’intensification des voyages et la hausse démographique ont permis sa propagation rapide : il est actuellement responsable de 111 millions d’épisodes infectieux par an, dans le monde, et de de 80% des maladies virales reconnues. Il est très contagieux et très résistant dans l’environnement : il peut survivre plusieurs heures sur la table à langer, plusieurs mois sur un jouet. Les enfants de plus de 3 ans peuvent devenir des porteurs sains et infecter les petits frères ou petites soeurs. Contre le rotavirus, il existe deux solutions : l’allaitement (mais il faut savoir que la cible du virus est constitué par les enfants de 6 à 2 ans) ou la vaccination.
Mais de quel « avant » parle-t-on ? Car, si l’augmentation de la densité démographique et la vie en collectivité favorisent la propagation des « petits » virus (donnant lieu à des maladies bénignes), il ne faut pas oublier que des maladies bactériennes très graves (telles la tuberculose, la rougeole) ont diminué, grâce aux progrès des traitements aux antibiotiques et notamment à la vaccination. Celle-ci a permis par ailleurs de diminuer certaines maladies virales, voire de les éradiquer (pour la variole). Cela explique la baisse spectaculaire du taux de mortalité infantile : entre 1950 et 2005, il a été divisé par plus de 10. Donc finalement, plus de petits maux valent mieux que… plus de grands maux.